Décryptage des défaillances en 2024 et perspectives pour 2025 

Les défaillances d’entreprises en forte hausse en 2024 

En 2024, la France a enregistré près de 66 500 défaillances, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes, +18% vs 2023 et… +28% vs 2019 la dernière année de référence pré-Covid, soit le plus haut niveau atteint depuis 15 ans (55 000 en moyenne annuelle sur la période 2010-2019). 

Avec une accélération sans précédent sur le T4 2024 (18 000 défaillances, niveau record), la tendance est particulièrement inquiétante et traduit davantage que le rattrapage attendu et amorcé depuis la fin des mesures de soutien étatiques (le « Quoi qu’il en coûte »), qui rappelons-le avaient artificiellement soutenu le tissu économique en 2020 et 2021, avec à la clé des niveaux de défaillances « anormalement » bas respectivement de 32 000 et 28 400. 

La remontée des défaillances s’est diffusée à toutes les tailles de sociétés, avec selon Allianz Trade des progressions à 2 chiffres sur un an glissant à fin septembre 2024 sur toutes les tranches de chiffres d’affaires, même les plus importantes (+57% par exemple pour les entreprises de plus de 15M€ de CA). 

Ainsi sur un an, toujours selon Allianz Trade, toutes les entreprises défaillantes pour lesquelles les données financières sont disponibles représentaient un CA cumulé de 35,8 Mds € (soit +46%) et un passif fournisseurs de 6,7 Mds € (soit +44%). 

Aucun secteur n’échappe à la remontée des défaillances. Sur les 12 derniers mois, la dynamique haussière est marquée selon Allianz Trade en particulier pour la construction (près du ¼ des faillites), devant les services aux entreprises, la finance/immobilier, le commerce de détail et l’hôtellerie/restauration. 

Last but not least, noter que la situation en France s’inscrit dans un contexte général de hausse des défaillances : Allianz Trade rapporte une hausse globale de 15 % en 2024, illustration parfaite d’une économie mondiale au ralenti (PIB +2.8% « seulement » l’an dernier et prévu à l’identique en 2025). 

Les causes d’une fragilité structurelle 

Ce phénomène s’inscrit dans un contexte économique international morose mais aussi d’incertitudes post-élections, tant sur les plans gouvernance (pas de majorité à l’Assemblée nationale) que budgétaires (comptes publics dans le rouge vif). Avec comme conséquence directe une forme d’attentisme qui prévaut : chez les particuliers qui ne consomment pas et chez les entreprises qui n’investissent pas et n’embauchent pas. 

Dans le détail, plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante. D’une part, les entreprises doivent désormais rembourser les Prêts Garantis par l’État (PGE) octroyés pendant la crise sanitaire, alors même qu’elles peinent à maintenir leur trésorerie. À cela s’ajoute la suppression des dispositifs d’aides tels que le fonds de solidarité et le chômage partiel, qui ont permis de contenir les défaillances jusqu’en 2022. Ces dispositifs ont représenté pour rappel une dépense de près de 145 milliards d’euros pour l’État. 

En parallèle, la hausse continue des coûts de production, notamment liée à l’inflation énergétique, et le ralentissement de la demande en raison d’un pouvoir d’achat en berne ont accentué les tensions sur les entreprises. Les PME et TPE sont particulièrement exposées, avec une augmentation de 51% en 2024 (vs 2019) des procédures de défaillance pour les PME de plus de 10 salariés 

 

Les retards de paiement, un facteur aggravant 

Un autre élément clé de cette crise réside dans les retards de paiement. En France, 85 % des entreprises ont subi des délais de règlement au cours du premier semestre 2024, avec une moyenne de 51 jours contre 32 en Allemagne. Ces retards, estimés à 15 milliards d’euros de trésorerie manquante pour les PME en 2022 selon l’Observatoire des délais de paiement, augmentent significativement le risque de défaillance. Selon Altares, un quart des défaillances d’entreprises françaises sont imputables à des impayés. 

Quelles prévisions pour 2025 ? 

L’année 2025 s’annonce encore incertaine. Sur la base des tendances de 2024, plusieurs éléments méritent d’être anticipés. Les entreprises devront composer avec une réduction progressive des dispositifs de soutien public et un environnement économique marqué par une inflation persistante. La Banque de France souligne que le nombre de défaillances pourrait continuer à croître, mais à un rythme plus modéré, notamment grâce à une stabilisation attendue des prix énergétiques. 

Toutefois, les secteurs déjà fragilisés en 2024, tels que la construction, la restauration et le commerce, risquent de rester sous tension. Les retards de paiement devraient également demeurer un enjeu majeur, justifiant une vigilance accrue de la part des acteurs économiques. Pour se prémunir contre une nouvelle vague de défaillances, des mécanismes de financement alternatifs, une gestion rigoureuse de la trésorerie et des dispositifs de médiation pour réduire les délais de paiement pourraient être nécessaires. 

Enfin, si la productivité et la compétitivité des entreprises françaises ne progressent pas significativement, une hausse de la fiscalité des entreprises pourrait aggraver la situation. Les prévisions pour 2025 appellent donc à des ajustements stratégiques pour limiter les risques, tant pour les entreprises que pour l’économie dans son ensemble. 

L’expertise Delta assurance : des solutions pour accompagner les entreprises 

Face à un contexte économique marqué par une hausse des défaillances, Delta assurance accompagne les entreprises dans la sécurisation de leur activité. Forts de notre expertise en assurances et gestion des risques, nous proposons des solutions sur-mesure adaptées aux besoins spécifiques des TPE, PME et grandes entreprises.  

En complément, nos experts en gestion des risques accompagnent les entreprises dans l’élaboration de stratégies préventives, telles que la mise en place de processus de suivi des délais de paiement ou l’évaluation de la santé financière des partenaires commerciaux. Notre objectif est clair : aider nos clients à anticiper les difficultés, renforcer leur résilience et garantir la pérennité de leurs activités dans un environnement économique exigeant. 

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Cyrille Guez
Cyrille Guez
Directeur des risques Département risques financiers
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